L’aumône en période de Ramadan: La traite des mendiants

Si le mois béni de ramadan est un moment de dévotion et de partage, il est aussi une aubaine pour les mendiants qui voient leurs revenus multipliés. Cette période étant choisie par les fidèles musulmans pour s’acquitter de la zakaat, beaucoup de nécessiteux quittent les régions pour rallier Dakar dans l’espoir de se remplir…les poches. 

Dakar7 a fait le tour de quelques endroits de Dakar pour vous faire découvrir la traite des mendiants. Reportage.  

Il est 19 heures à la Sicap liberté 5. C’est presque l’heure de la rupture du jeûne. C’est le branle bas. Le femmes se presse devant les gargotes et les boutiques pour s’approvisionner. Sur l’allée « Sans Soleil », une  vieille dame de teint noir est aperçue au bord d’un arbre. Elle s’appelle Awa Diop,  la seule mendiante sur cette route. Elle vient de la région de Saint Louis uniquement pour le Ramadan. Elle est vêtue d’un grand boubou de couleur sobre, un foulard bien attaché sur la tête. Assise sur un sceau de 20 litres, elle remue des pièces de monnaie dans ses bras tout en fredonnant, d’un air désespéré :« Louwaye Ame, Dimbeulima(Je demande la charité). Le but est d’attirer l’attention de maximum de fidèles.  « Je viens de Ndar (Saint-Louis), et je suis là depuis que le Ramadan a débuté. Comme vous le constatez, je n’ai même pas encore réuni 1000 francs, mis en part des morceaux de sucre et un morceau de pain. Ici rien ne va», se désole-t-elle. Toutefois, elle garde espoir pour le reste du mois. « Peut-être que c’est le début du Ramadan», dit-il.

« je viens de NiaryTaly chaque jours pour venir dans cette mosquée, juste pour avoir de quoi ramener à la maison. »

Le même sentiment est partagé par des autres mendiants trouvés devant la Mosquée de Sergine Abdou Aziz Sy de Liberté 5. Mame Arame Mboup, une femme d’une cinquantaine d’années, vient de Niary Tally. Assise à même le sol, elle est en train de triller ce qu’elle a pu collecter la journée: sucre, datte, riz , pain, biscuits…. Elle essaie de les mettre dans des  sachets différents. On lit sur le visage de cette femme de la déception. La moisson aujourd’hui n’est pas fructueuse. Veuve et mère de deux enfants, Arame justifie sa présence sur les lieux. « je viens de NiaryTaly chaque jours pour venir dans cette mosquée, juste pour avoir de quoi ramener à la maison. », confie-t-elle.

L’autre est un jeune homme handicapé cloué sur son fauteuil roulant. Ce mendiant vient de Tivaoune dans l’espoir  de se faire de l’argent. Interpellé sur la question, il se montre réticent à notre égard. «  j’aime pas exposer ma vie aux inconnus et là je suis vraiment gêné.» dit-il. Sur notre insistance, il finira par se lâcher. « les journées ne sont pas toujours fructueuses. parfois, ça marche, parfois tu n’as même  pas de pièce  pour payer ton transport. Et comme on est pas le jour de Vendredi, c’est normal, les fidèles ne sont pas nombreux. Mais on rend grâce à Dieu car la vie est ainsi faite» , se résigne notre interlocuteur tout en refusant de décliner son  identité.

« je reçois des enveloppes bien  remplis de billets de banque à l’honneur de la zakat »

Si les mendiants de liberté 5 se plaignent,  ceux de Ouest foire se frottent les mains. Dans cette cité, les mendiants profitent bien de la zakat donnée par des fidèles comme recommande l’islam. » Je rends grâce à Dieu. Car en ce mois béni, je reçois des enveloppes bien  remplies de billets de banques à l’honneur de la zakat, des pains et parfois même de la viande.», affirme Awa fall, mère de jumeaux. Assise sur sa nappe, elle allaite ses mômes âgés d’un an 6 mois.  A côté d’elle, un homme, la soixantaine bien sonnée, se réjouit de ces faveurs. « Vraiment ce mois est notre mois pour nous les démunis », confie-t-il, avec un léger sourire qui traverse ses lèvres.

« Un jour,  un homme nous  a donné des billets de 10.000 franc. j’étais vraiment content » .

A quelques mètres d’ici, précisément à la brioche dorée, on aperçoit des talibés. Certains d’entre eux se dirigent vers les passant pour quémander de quoi se mettre sous la dent. « Nguir Yalla », implorent-ils. Insouciants, ils crient; il se livrent à des bagarres interminables. Cette ambiance confuse ne manque pas de révulser certains venus faire leurs achats. « Vraiment ces enfants là, nous emmerdent  avec leurs cris », souffle discrètement un riverain assis devant la banque CMS, une cigarette à la main. En effet, la présence de ces talibés sur les lieux se justifie.  Ibrahima  Diallo, 12 ans, élève au Dahra de l’unité 26 des parcelles assainies s’explique : «Nous recevons de l’aumône des clients qui sortent de cette pâtisserie, soit avec des sachets bien rempli ou des baguettes de pain. C’est ça qui nous amènent ici. C’est le quartier des patrons aussi ». Un autre talibé confirme.  « fi mome dafa nékh » je reçois des billets de mille francs et autres. Un jour,  un homme nous  a donné des billets de 10.000 franc. j’étais vraiment content » .

Fana Cissé(stagiaire)

Dakar7

 

 

 

Comments are closed.