Libération de Karim Wade : La classe politique et la Société civile divisée

La libération de Karim Wade à la suite d’une grâce présidentielle accordée vendredi 24 juin 2016 par le Chef de l’Etat, Macky Sall est au cœur des discussions. Apres sa libération dans la nuit du jeudi, le fils de l’ancien Président, Abdoulaye Wade, s’est rendu immédiatement au Qatar à bord d’un jet privé laissant derrière lui les uns et les autres épiloguer. Pouvoir, Opposition et société civile commente diversement cette libération qui, il faut le connaitre, comporte des zones d’ombre.

Moustapha Diakhaté APR Dkr7Moustapha Diakhaté, Apr

«J’invite tous les Sénégalais à respecter la décision du Président»

«C’est une lecture simple. Il a bénéficié d’une grâce du président de la République. Grace qui tire sa légalité de l’article 47 de la constitution. Le président de la République a le droit de gracier. Il a gracié Karim Wade. Je respecte cette décision et j’invite tous les Sénégalais à faire autant. La gouvernance vertueuse, qui a été à l’origine de l’arrestation et de la condamnation de Karim Wade, a été inventée par le Président, Macky Sall et c’est dans ce cadre qu’il a réactivé la Cour de répression de l’enrichissement illicite. Et Karim Wade a été jugé et condamné. La grâce ne concerne que la prison, mais absolument pas les dommages et intérêts qu’il doit payer au Peuple sénégalais.»

WilaneAbdoulaye Vilane du Ps

«La grâce est une prérogative constitutionnelle dévolue au Chef de l’Etat»

«La position exprimée par le parti socialiste est que la grâce est une prérogative constitutionnelle dévolue au président de la République. De ce point de vue, nous n’avons rien qui nous gêne en cela. Maintenant que la grâce est accordée, nous respectons parfaitement cette décision. Cette position exprimée veut dire que nous ne nous prêtons pas à ce jeu de spéculation sur des hypothèses qui ne sont pas à l’ordre du jour. Ce qu’il faut saluer c’est le communiqué de presse publié par la Présidence et qui fixe l’esprit, le sens de la signification de la grâce que Macky Sall vient d’accorder. Et si la grâce devait être faite, c’est pour sanctionner en cas de faute et recouvrer les biens. La sanction existe et on va recouvrer les biens. Au-delà, le Ps estime que cela ne peut pas signifier la fin de la traque des biens supposés mal acquis. »

IdyIdrissa Seck de Rewmi

« C’est un deal international »

« On l’a embarqué dans un avion pour une destination inconnue. On a annoncé Doha, c’est bien la preuve que le pouvoir lui-même, qui l’a libéré, obéit à un donneur d’ordre et que lui-même et son père obéissent à un donneur d’ordre. Ce que je trouve scandaleux, c’est que le président de la République, Macky Sall, ait voulu couvrir un tel deal à travers un prétendu dialogue national. C’est un deal international ».

Moussa SarrMoussa Sarr, Ld

«Karim Wade ne vaut pas plus que les autres Sénégalais»

«Pour nous il ne s’agit pas de discuter de la grace présidentielle parce que c’est une prérogative que la Constitution reconnait au président de la République. Il ne s’agit pas non plus de discuter de la personne de Karim Wade, car il ne vaut pas plu que les autres Sénégalais. Pour le Ligue démocratique, nous avons toujours soutenu la traque des biens mal acquis et la politique de transparence dans la gestion des ressources publiques. C’est pourquoi, pour que cette libération de Karim Wade ne constitue pas un autre signal, il faut que le gouvernement recouvre tous les biens qu’il a spoliés. Il doit rembourser jusqu’au dernier centime, mais également la justice doit entendre toutes les personnes qui sont citées sur la liste des 25. Donc, il nous faut aller jusqu’au bout dans la traque des biens mal acquis et le Sénégal a besoin de lutter de façon ferme contre la corruption et l’enrichissement illicite qui constituent un fléau de notre économie nationale. Et nous invitons le pouvoir à poursuivre la lutte contre la corruption. »

Aboubacry MbodjAboubacry Mbodj, Raddho

«C’est une grâce forcée »

« C’est une libération qui s’inscrit dans la suite logique de notre combat qui a considéré que Karim Wade a été détenu arbitrairement. Nous avons été les premiers à dire que la Crei ne respectait pas le droit à un procès équitable. Il y avait des procédures irrégulières : des droits de la défense bafoués avec les avocats expulsés de la salle, le Procureur spécial limogé en pleine audience sans être informé. Un assesseur qui démissionne en plein débat…Beaucoup de manquements qui montrent aujourd’hui que nous avons été réconfortés par le Groupe de travail sur la détention arbitraire qui considérait que Karim Wade était détenu de façon arbitraire, qu’il devait être libéré et indemnisé. C’est l’Etat du Sénégal qui doit maintenant de l’argent à Karim Wade. Donc, nous considérons qu’il s’agit là d’une grâce forcée parce que le Sénégal n’avait d’autre choix que de libérer Karim Wade et s’il ne l’avait pas fait, il risque d’être condamné par les juridictions internationales. Et cela n’est pas dans l’intérêt du pays.»

DAKAR7.COM

 

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