Parifoot: Quand le jeu du hasard devient l’opium de la jeunesse

Les jeux de hasard gagnent du terrain au Sénégal. Si le Pari mutuel urbain(PMU) est un jeu, habituellement, réservé aux adultes, le Parifoot, un jeu basé sur le pronostic des rencontres sportives, plus particulièrement le football, attire de plus en plus de jeunes sénégalais. Très lucratif, le parifoot a fini par créer une addiction chez certaines personnes qui, chaque jour, prennent d’assaut les points de vente Lonase, dans l’espoir de remporter le…jackpok. Qu’est-ce qui explique un tel engouement chez les Sénégalais pour le Parifoot ? Est-ce par simple curiosité ou par oisiveté ? Pour en savoir plus, DAKAR7 a fait le tour de certains points de vente Lonase à la rencontre des adeptes du jeu de hasard. Reportage!

Il est 10h à l’Agence Lonase sise au Parcelles Assainies. Ici, il n’y a un grand monde mais seulement des parieurs qui viennent pour miser sur les courses de chevaux. L’ambiance bas son plein devant les tableaux, ils discutent sur les résultats probables. A côté de la grande porte, un Kiosque bleu avec une grille à l’avant et une vitre où sont affichées les listes des matchs jouables au Parifoot. A l’intérieur du Kiosque, le gérant, seul, avec devant lui la machine qui imprime les tickets du Parifoot. La mise minimale est de 300 F Cfa. Il existe plusieurs types de paris, dont les plus simples consistent à parier sur la victoire d’une équipe précise. Chaque pari a une cote et c’est elle qui permet de connaître à l’avance, en fonction de la somme misée, le montant à gagner si l’événement se produit.  Apres une dizaine de minutes, pas un seul parieur. Normal! Les matchs se jouent le soir. Donc pas la peine de se précipiter.

« Moi, je joue pour subvenir à mes besoins »

Pour certains, le Parifoot n’est pas leur quotidien mais un passe-temps. C’est le cas du jeune Samba Touré, la vingtaine. Vêtu d’un t-shirt rouge et d’un pantalon noir, ce jeune homme, debout devant le kiosque scrutant la liste des matchs,  pense que le Parifoot ne l’empêche pas de mener ses activités. « J’ai commencé à jouer l’année dernière. J’ai un travail, mais je joue parfois. Je mise rarement et de préférence sur les grandes rencontres comme la ligue des champions. Parce que si je joue chaque jour, je peux finir par devenir accro» confie-t-il. Boubacar Ndiaye(nom d’emprunt), un homme âgé d’une trentaine d’années,  trouvé au point de vente sis à l’unité 21 des parcelles assainies, le rejoint dans sa logique. Selon lui, son amour du foot le pousse souvent à jouer. « Les jeux de hasard, ce n’est pas mes affaires. Mais j’aime le foot, alors parfois je joue. Et d’habitude, je mise sur un seul ticket de 300 Fcfa. Mais quand j’ai de l’argent, il m’arrive de miser pour 2 tickets », fait savoir notre interlocuteur.

« Il m’est arrivé un jour, de miser tout l’argent que j’avais prévu pour payer le mouton … »

Tout à fait le contraire  pour le vieux Ababacar Ndiaye, qui a fait du Parifoot son quotidien. Cet homme d’une soixantaine mise tous les jours pour assurer ses dépenses. « Moi, je joue tout le temps pour gagner de quoi subvenir à mes besoins… Mais avant de miser, j’assure d’abord la dépense de la famille», dit ce parieur. D’ailleurs, Babacar se souvient du jour où il a misé, à quelques jours de la Tabaski, l’argent destiné à l’achat du mouton. « Il m’est arrivé un jour, de miser tout l’argent que j’avais au Pmu, à quelques jours de la Tabaski; et j’avais perdu. Depuis ce jour, j’ai juré d’arrêter de jouer au Pmu », raconte-t-il.

«Je ne travaille pas(…)je viens tenter ma chance pour gagner un peu d’argent »

Même si certains ont tendance à miser tous les jours, on ne gagne pas à tous les coups. Selon Boubacar, le Parifoot ne lui apporte pas grand-chose. « La saison passée, je gagnais. Mais depuis que j’ai commencé à jouer, cette saison, je n’ai gagné que 2500 F (ticket remboursement) », affirme-t-il. « Cependant, J’ai un ami qui a une fois gagné 400 000 F Cfa », ajoute-t-il. Contrairement à Boubacar, Samba Touré lui, se frotte les mains parfois. « L’année dernière, j’ai gagné 57000 Fcfa sur un ticket que j’avais misé à 500 Fcfa. Et j’ai gagné 31 000Fcfa cette semaine », confesse-t-il. Aliou Kane(Nom d’emprunt), lui, est plus veinard que les autres parieur puisque la chance lui sourit très souvent. « Je suis pas un grand parieur mais je rends grâce à Dieu. Je gagne souvent mais  la somme la plus élevées est 44 000 F Cfa », dit-il.

Tous les jours, les points de vente Lonase sont pris d’assaut par les passionnés du Parifoot. Et dans cette masse composée pour la majorité de jeunes âgée entre 20 et 30 ans, beaucoup sont des chômeurs. Et face à cette angoisse existentielle, le Parifoot devient un exutoire pour certains jeunes. Au chômage depuis quelques temps, Boubacar dit s’adonner au jeu de hasard pour avoir juste un peu de fric. « En ce moment, je ne travaille pas, et parfois je viens tenter ma chance pour gagner un peu d’argent. (…) j’ai aussi des amis qui ne travaillent pas et c’est en pariant qu’ils espèrent gagner quelques choses. », avoue-t-il. Comme s’il voulait se faire bonne conscience, ce parieur poursuit: « aujourd’hui j’ai déjà choisi mes matchs mais j’ai pas encore l’argent pour miser. Alors je rentre à la maison et je reviendrai quand j’aurais les 300 F Cfa pour valider mon ticket ».

 

 

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