Partis politiques : l’équation du financement

Le débat suscité par les révélations du journal Le Monde sur l’affaire Lamine Diack du nom de l’ex patron de l’athlétisme mondial pose en filigrane celui très controversé de l’origine de l’argent utilisé en politique et plus particulièrement en période électorale. En d’autres termes, il s’agit de la lancinante question du financement des partis politiques et des campagnes électorales. En 2000, une étude du Professeur Elhadj Mbodj, commanditée par le Président d’alors Abdou Diouf, avait été soigneusement rangé dans les tiroirs du palais par le nouveau locataire Abdoulaye Wade avec un insondable mépris. Lui-même Wade disait à qui voulait l’entendre qu’il avait son idée sur la question. Cette idée ne sera jamais connue du moins durant ses douze ans de présidence.
Aujourd’hui encore, aucune disposition légale n’a été prise malgré les remarques du ministre de l’Intérieur et de la Securité publique à l’Assemblée nationale lors de la présentation du projet de budget de son département. Abdoulaye Daouda Diallo remettait en cause et à juste raison le nombre pléthorique de formations politiques (plus de 250) pour justifier l’impossibilité de leur financement. Du point de vue du droit, les partis politiques sont des associations privées qui tirent leurs ressources des cotisations de leurs membres, des dons et legs. La difficulté réside dans ce dernier aspect car, nul ne peut contrôler les dons et legs reçus par les partis. Dans la pratique, on constate le contraste entre les partis de pouvoir et ceux de l’opposition. En période de campagne électorale, les différences de régime apparaissent au grand jour tant les moyens déployés par le parti au pouvoir laissent apparaitre clairement l’utilisation abusive des moyens de l’Etat.
En tout état de cause, la tournure prise par l’affaire de corruption de l’IAAF prouve à suffisance que la question du financement des partis politiques est une question cruciale qui mérite d’être posée. Cette question est liée à celle du nombre de partis. Prétendre financer les partis par des subventions publiques et participer financièrement à leurs campagnes sera chose impossible dans cette forêt politique où le parti est devenu un moyen de pression.
En définitive, le financement des partis passe par la réduction de leur nombre même si cela remettrait en cause la liberté d’association. Seulement, la démocratie est le règne de la liberté dans l’ordre. Organiser les partis, c’est aussi réorganiser notre démocratie. Souvent agité mais jamais posé ouvertement, le débat sur la limitation des partis et leur système de financement apparaît comme un  thème majeur du débat démocratique national au moment où les coalitions deviennent incontournables pour gagner et gouverner. Donc, la visibilité du champ politique dépend en grande partie du règlement de cette question.
Manou
Guest Editorialiste

Comments are closed.