Sommet : Les dessous de l’intérêt de l’Inde pour l’Afrique

SummitWWW.DAKAR7.COM : La troisième édition du sommet Inde-Afrique, qui s’est ouverte ce jeudi 29 octobre, prend fin ce vendredi 30 octobre, à New-Delhi. Tous les Etats du continent africain sont représentés à ce sommet d’autant que l’Inde a déployé toute sa diplomatie afin qu’aucun Etat d’Afrique ne soit absent. Profitant de l’ouverture du sommet, le Premier ministre indien, Narendra Modi, a révélé que son pays prévoit, pour les cinq années à venir, la mise à disposition des pays africains d’un «crédit concessionnel de 10 milliards de dollars et d’une enveloppe de 600 millions de dollars incluant 100 millions de dollars pour le Fonds de développement Inde- Afrique et 10 millions de dollars pour le Fonds d’assistance sanitaire Inde-Afrique», selon l’Aps.

L’Inde pourra accueillir également, dans les cinq prochaines années, pas moins de 50 000 étudiants africains. A cela, s’ajoute le nombre de 25 000 étudiants qui ont reçu des bourses indiennes, ces trois dernières années pour étudier à New-Delhi. De quoi ravir les Etats du continent. Selon le Président Macky Sall qui a pris la parole lors de la cérémonie d’ouverture de ce troisième sommet, les échanges entre l’Afrique et l’Inde ont atteint environ 72 milliards de dollars en 2014-2015. Malgré tout, la coopération entre l’Inde et l’Afrique est considérée comme timide. En s’assurant de la présence effective de tous les Etats africains à ce sommet, l’Inde cherche ainsi à approfondir et à élargir son retard dans le continent, par rapport à ses principaux concurrents dans le monde, notamment la Chine.

L’Inde en Afrique est largement supplantée par la Chine, dont les échanges ont atteint 200 milliards de dollars l’an dernier, soit plus que le Pib des 30 plus petites économies africaines. Rien que l’an dernier, les échanges entre la Chine et l’Afrique ont atteint 200 milliards de dollars. Alors, qu’en ce qui concerne l’Inde, dans un rapport dressé par la Banque africaine de développement (Bad) et daté de 2011, elle est classée quatrième investisseur en Afrique, loin derrière l’Union européenne, la Chine et les Etats-Unis d’Afrique. Les échanges bilatéraux entre les deux parties étaient de 1 milliard de dollars en 1990 et 3 milliards en 2000. Ils connaîtront une hausse et atteindront 36 milliards de dollars en 2007 et 2008, avant de se stabiliser en 2011, avec 32 milliards de dollars.

L’Inde reste ainsi la principale bénéficiaire d’une coopération avec l’Afrique où elle a tout à gagner. D’autant qu’elle est, aujourd’hui, un géant mondial, dans le domaine de l’acier, du cuivre et de l’aluminium. Des industries qui ont besoin de matières premières dont regorge l’Afrique et que l’Inde ne dispose pas. A commencer par l’énergie. New-Delhi, qui cherche de plus en plus à réduire sa dépendance dans ce domaine vis-à-vis du Proche-Orient, a jeté son dévolu, principalement sur le Nigeria dont elle est devenue le premier importateur en achetant le quart de sa production en 2014, mais aussi l’Angola, le Soudan, le Gabon, entre autres. Elle intervient, en tant qu’investisseur, grâce à ses entreprises publiques, Oil and Natural Gas, Indian Oil Corporation. L’Inde investit également dans les minerais, en Afrique du Sud, au Maroc, au Sénégal et en Mauritanie, avec Arcelor Mittal dans le domaine de l’acier, le groupe Vedenta pour le charbon. Dans tous ces secteurs, elle compte pour concurrente directe la Chine.

Des entreprises privées indiennes ont également investi en Afrique, ces dernières années. Parmi elles, les groupes Tata spécialisé dans la production de camions et bus, Mahindra dans celle des voitures. Outre, l’aspect économique, il y a aussi le volet politique. L’Inde, qui est le deuxième Etat le plus peuplé au monde derrière la Chine, devenue une puissance émergente, compte sur le soutien de l’Afrique pour obtenir un siège au sein du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu). Cette question est si importante, aux yeux de l’Inde, qu’elle se garde de s’ingérer dans les affaires intérieures des Etats d’Afrique.

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